Alasdair MacIntyre, qui vient de décéder le 21 mai dernier, comptait parmi les derniers représentants des philosophes de la génération 1930 - figurent encore parmi nous, notamment, l'Allemand Jürgen Habermas et le Canadien Charles Taylor. MacIntyre est surtout connu en France pour un de ses ouvrages, After Virtue: A Study in Moral Theory (1981 ; en français Après la vertu. Etude de théorie morale, 2013), dans lequel il a exhumé avec brio la tradition de l'éthique des vertus (nommée aussi arétaïsme ou perfectionnisme moral) en expliquant les raisons de son occultation moderne par l'éthique du devoir et l'utilitarisme et en ré-affirmant sa place.
Mais au-delà de ses ouvrages importants, ce philosophe me paraît intéressant par sa trajectoire personnelle très originale, nourrie d'un constant dialogue entre Anciens et Modernes et sous-tendue par une sincérité jamais prise en défaut. Aujourd'hui se décèle une tendance générale (je ne parle pas que des médias) au prêt à penser qui fait courir le risque d'une simplification extrême des positions intellectuelles, mortelle pour la démocratie qui ne survit jamais à l'appauvrissement des débats tant elle a besoin du renouvellement provoqué par les prises de position contradictoires et originales.
C'est pourquoi je signale ce bon article rédigé par Ostiane Lazrak pour Le Grand Continent - il s'agit d'un véritable essai biographique, justement, sur le sens de cette existence philosophique singulière. Finalement, ce qui est exposé dans ce texte invite à penser que la trajectoire personnelle de cet auteur constitue une forme de contribution, ou même une partie de sa contribution à la philosophie dont a besoin la société démocratique.