En librairie le 24 janvier 2018
La notion de corruption désigne la captation illicite de moyens publics à des fins privées. L’usage courant du terme laisse entendre qu’elle est sous-tendue par une forme de perversion morale ; le Droit l’emploie comme une catégorie juridique fondamentale pour préserver les biens publics de leur mise sous tutelle par la logique de l’intérêt particulier. Ces deux dimensions peuvent être complétées par l’apport des sciences humaines et sociales, qui la considèrent comme un phénomène irréductible tant à la transparence sociale qu’à sa régulation par la politique et à sa suppression par l’éthique.
En prenant en compte ces différentes dimensions, cet ouvrage propose une approche originale de la corruption, car elle repose sur une analyse philosophique inspirée par Machiavel, l'auteur républicain des Discours sur la première décade de Tite-Live. La corruption apparaît comme un mal parce qu’elle rompt la condition d’égalité entre les citoyens. Le fait qu’elle perdure dans les démocraties contemporaines sous des formes variées suggère une certaine faillite de la thèse de Max Weber à propos de la transformation des sociétés modernes progressivement régies par « l’autorité légale-rationnelle » ; cela souligne également la réalité d’un pouvoir social structurant, un pouvoir oblique dont l’ouvrage s’attache à comprendre la logique par l’observation de cas d’espèce.
Le problème posé par la corruption ne peut se régler par une approche purement juridique ; on ne peut pas non plus, pour les démocraties pluralistes d’aujourd’hui, espérer ranimer la vertu civique des Anciens. Dans nos sociétés « d’après la vertu civique », traversées par certaines formes irréductibles du pouvoir oblique, quelle éthique publique est aujourd’hui possible ?