Redonner du sens à l'innovation (Claude-Nicolas Ledoux, Parc de Mauperthuis, Projet de maison des gardes agricoles)
École d’hiver en management de la créativité – 4e édition 2019, du 20 au 22 mars 2019.
Thématique 2019 : L’innovation par le sens
Atelier de philosophie morale proposé par Thierry Ménissier,
mercredi 20 mars 2019, 14 - 17 h
L’éthique paraît aujourd’hui avoir le vent en poupe : la presse et les réseaux sociaux se font les apôtres du discours éthique, en invitant dans leurs tribunes des personnalités qualifiées à s’exprimer sur ses différents sujets, et sur les réseaux de nombreuses thématiques éthiques circulent sur des aspects très variés de la vie sociale, tels que la condition des personnes vulnérables, la souffrance animale et la nourriture carnée, ou pour l’entreprise sa responsabilité sociale et environnementale ou encore la qualité de vie au travail, etc.
Normalement, les innovations ne devraient pas échapper pas à une telle tentation de voir les choses sous l’angle de vue éthique. En perturbant les habitudes, les innovations technologiques et sociales font en effet perdre de vue les points de repère traditionnels et suscitent une légitime inquiétude. Elles devraient de ce fait requérir une évaluation en termes éthiques, capable de valider si elles sont bonnes ou mauvaises, justes ou injustes, bien ou mal. Par exemple, est-ce bon ou mauvais, bien ou mal, d’utiliser massivement le cloud pour stocker les données personnelles en multipliant les data center sur les territoires ? Or, par un curieux mystère, une telle évaluation ne se fait pas : l’évaluation des innovations est le plus souvent abandonnée aux usagers (pour les produits et services mis en marché) ou aux décideurs (pour les réorganisations ou pour l’adoption d’un procédé dans les organisations), et jamais pensée sur le plan de l’éthique.
Ce défaut s’explique notamment par deux raisons. D’une part, la théorie morale, discipline académique très riche et organisée en thématiques, courants et écoles variés, ne s’est pas développée dans la société civile, du moins autant qu’elle aurait dû le faire (à part dans le secteur d’activité de la bioéthique). De l’autre, les ruses du marketing, discours extrêmement efficace, sont en mesure de faire croire au consommateur, enfermé dans le piège du narcissisme, que ses choix sont éthiques : « je le vaux bien » agit comme un véritable principe qui prend la place des jugements de valeur tels que : « je peux établir par des arguments solides ou vraisemblables que ce que je choisis est bon, juste ou bien ». Comment s’étonner dès lors que bien des innovations sont vides de sens, comme des gadgets sans âme, ou même apparaissent à l’usage franchement nuisibles pour les relations humaines, la socialisation, l’environnement, ou encore l’équité ?
Situation fâcheuse, où l’innovation dénuée de sens et privée d’âme laisse un goût amer et fait entrevoir à chacun une dangereuse vacuité, préjudiciable au dynamisme de l’activité ! Précisément, les consommateurs comme les compagnies semblent aujourd’hui être en capacité de sortir de cette situation contraire à la vraie innovation, à l’innovation responsable et heureuse. Il importe de qualifier éthiquement les projets d’innovation ou les inventions pour qu’ils aient VRAIMENT du sens, tant pour l'organisation qui s'engage dans ces projets, ou pour les usagers qui vont en bénéficier.
L’atelier « Quelle(s) éthique(s) pour l’innovation ? » proposé dans le cadre de l’école d’hiver en management de la créativité de Promising vise à transformer cet état de fait, et à diffuser la culture éthique en l’appliquant aux innovations technologiques et sociales, aux innovations de produits et de services. Il entend réaliser ces finalités en formant les participants à l’évaluation éthique par le biais d’un atelier apportant des connaissances et invitant à la pratique de cas. Ouvert à une cinquantaine de participants issus de tous les secteurs d’activité de la société, motivés par l’innovation, il se déroulera sur une durée de 3 heures.
Une de mes perspectives de travail (et de vie !) est de m’attacher à pratiquer la philosophie en mode projet. Penser par la pratique, pratiquer pour penser.
Après mes expérimentations philosophiques et pédagogiques précédentes amorcées dans le cadre si favorable de Promising : l’Atelier de l’imaginaire (2012-2015) et Be Human in the Chaos© (inventé en 2016 avec Fabienne Martin-Juchat), voici à présent l’atelier éthique des innovations, ou NovEthics…alors, venez nombreux et en route pour l’aventure !
Renseignements pratiques ici.